|
Le Pharaon Blanc
Voici le premier chapitre d'un livre d'un passionné de l'Egypte. a href="http://www.essai-roman.populus.ch" target="_parent">Si cela vous plait
Dans le musée
Ce pectoral était magnifique. Manifestement, et à en croire la petite pancarte sur la vitrine, il provenait de la tombe d’un Roi. J’étais subjugué à la fois par le métal précieux et les pierres magnifiques richement réparties sur cette parure mais aussi par la finesse de l’ouvrage qui représentait le Pharaon terrassant l’ennemi sous les
ailes protectrices d’un énorme scarabée.
“ Magnifique, n’est-ce pas ? “
L’homme qui me parla me surprit dans ma concentration contemplative. J’étais devant ce trésor depuis un moment déjà et je n’avais plus fait attention aux nombreuses personnes qui comme moi visitaient ce musée.
“ Hein ? Heu, oui... Magnifique, c’est le mot... Bredouillai-je.
- Si vous voulez mon avis, ce pectoral est composé de pierres semi-précieuses... Vous pouvez y voir de la turquoise, de la cornaline et du lapis-lazuli. Quant à ce splendide scarabée, la pièce maitresse de cette oeuvre d’art, qui place le roi sous ses ailes protectrices, il est en
calcédoine.
- En quoi ?
- En calcédoine. C’est une variété de quartz, d’opales. Mais pardonnez-moi de m’être imposé de la sorte et de vous avoir tiré de votre contemplation. Je n’ai pu m’en empêcher...
- Non, vous avez bien fait. Ces quelques précisions supplémentaires
ne font qu’augmenter l’admiration que j’avais déjà pour cette pièce unique. Vous semblez d’ailleurs très au fait. Vous êtes collectionneur ou... Égyptologue, peut être ?
- Non, non. Un simple amateur des belles choses et de leur histoire. Surtout, lorsqu’elles concernent la Terre des Dieux, celle qui a vu grandir les Pharaons.
- Pardonnez-moi, Monsieur, mais votre visage ne m’est pas inconnu. J’ai l’impression de vous connaitre. Vous êtes Monsieur ?...
- Morante, Bernard Morante.
- Vous êtes... Bernard Morante ? Le romancier ? Oh, c’est un honneur pour moi de vous rencontrer.
- C’est surtout un plaisir pour moi de rencontrer des personnes qui semblent partager cette passion dévorante pour l’Égypte Antique.
Pendant que nous nous serrions la main, je pus contempler à mon aise cet homme pour lequel j’avais beaucoup d’admiration. Manifestement, les photos des auteurs placées en quatrième de couverture mériteraient d’être réactualisées. Je l’imaginais comme un géant et il n’était pas plus grand que moi. Le regard était droit et bleu, cerclé de petites lunettes rondes. Ses cheveux légèrement grisonnants trahissaient l’approche de la soixantaine. Très svelte et droit dans un costume deux pièces de couleur sable souligné par un petit noeud papillon noir, dans lequel scintillaient quelques fils d’or, je ne pus m’empêcher de l’imaginer arpentant les déserts égyptiens, lancé à la poursuite des héros de ses extraordinaires romans qui me faisaient rêver depuis l’adolescence.
- Je m’appelle David Carter. Si vous saviez ce que cela représente pour moi de vous rencontrer. Mais, qu’est-ce que le professionnel que vous êtes peut bien espérer trouver dans cette modeste exposition ?
- Modeste ? Cette collection est loin d’être modeste... Evidemment si on la compare à celles des grands musées nationaux, vous noterez certainement une différence. Mais si vous approfondissez quelque peu les pièces uniques qui caractérisent cette exposition, vous ne pourrez y trouver que d’immenses satisfactions. Tenez par exemple, prenez ces différentes amulettes qui représentent un crocodile, un faucon ou encore l’oeil d’Horus. Ces pièces sont certes assez répandues mais à chaque fois uniques. Et que dire de ce cobra en or, qui se dresse et semble prêt à mordre pour défendre l’Égypte et son pharaon. Ou encore de ces statuettes en bronze à l’effigie des dieux... Croyez-moi, toutes ces pièces sont loin d’être modestes. Il suffit de voir tous les moyens de protection qui ont été mis à la disposition de ce musée et qui vont bien au delà des obligations imposées par les assurances. Jamais ce lieu n’avait été aussi bien protégé. Toutes ces pièces sont extraordinaires, croyez-moi. Il y en a même qui font l’objet de toutes les convoitises. Comme par exemple ce canope, là...
Je me tournai dans la direction que m’indiquai Bernard Morante et je vis l’objet désigné. Ce dernier ne payait pas de mine et semblait très usé par le temps.
- Vous parlez de ce vieux... “ vase “ ?
- Il ne s’agit pas de n’importe quelle vase, mon cher Mr Carter. Il s’agit d’un canope. Il devait contenir les viscères du défunt. Il est aujourd’hui seul mais ils devaient être auparavant au nombre de quatre.
- La partie supérieure est malheureusement cassé. Mais d’après ce que l’on en voit, on devine l’absence d’un... comment dirais-je... d’un couvercle ?
- Vous avez parfaitement raison, jeune homme, chaque canope possédait un couvercle qui représentait la tête d’un des quatre fils d’Horus. Quant au corps de la poterie, il devait vraisemblablement représenter Isis ou une autre déesse, si j’en crois les quelques peintures qui subsitent encore.
Nous étions tous deux penchés sur l’objet en question que séparait une paroi en verre. Morante scrutait le vase, les lunettes reposant sur le sommet de son crâne. Le temps d’un instant , j’avais quitté l’Europe, ma ville, mon quartier et j’étais comme dans les romans de cet auteur de génie, transporté dans la vieille Égypte.
- Et vous, Mr Carter, que faites vous donc en ces lieux ?
- Et bien, j’écris un article pour le compte de mon journal. Je travaille au quotidien local “ Le Point du Jour “. Alors, dès que j’ai appris que des collectionneurs privés réunissaient des pièces sur l’Égypte Antique dans notre bonne ville, je n’ai plus lâché mon rédacteur en chef jusqu’à ce qu’il me confie la couverture de l’évènement. Quant à l’Égypte, cela me suit depuis le collège, depuis les cours d’Histoire de 6ème, plus précisemment. On en est tous subjugué quand on aborde le sujet et puis certains, comme moi, ne s’en lassent pas. Me voilà ici aujourd’hui. Et quand je vois toutes ces merveilles qui m’entourent, cela ne fait que renforcer mes convictions. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre sur les anciens égyptiens mais quand on est passionné... Mais, dîtes-moi, si j’osais... Accepteriez-vous une interview de ma part ? Car après tout, votre présence dans notre ville, et pour cette exposition, nous honore.
- Ce serait avec joie, Mr Carter, mais je dois malheureusement m’absenter dès la fin de cet après-midi. Ce n’est que partie remise, rassurez-vous... Comment résister à une telle proposition de la part d’un autre grand amoureux de l’Égypte des Pharaons... Je vous laisse ma carte. Vous pourrez joindre mon secrétaire dès demain matin si vous le désirez. C’est lui qui vous fixera un rendez-vous sur la capitale. Nous aurons un peu plus de temps devant nous de cette façon. Il ne me reste plus qu’à prendre congé. A bientôt, Mr Carter...
Nous nous quittâmes là, et je le vis disparaître entre les pièces égyptiennes exposées. Je m’approchai d’une des fenêtres du musée qui donnait sur la rue et le vis s’engouffrer dans une Mercedes Noire avec chauffeur. Ce n’est que lorsque mes yeux se portèrent sur la carte de visite qu’il m’avait laissé que je réalisai la chance que j’avais eue. Ces dernières paroles me revinrent à l’esprit, ce qui me donna un peu plus le tournis, quand une voix, au micro, m’arracha à mes pensées : “ Le Musée va fermer ses portes dans quelques instants. Mesdames et messieurs les visiteurs êtes priés de vous diriger vers la sortie... “ Et c’est là que je me rendis compte que je n’avais encore pris aucune photo pour mon article et que je n’avais plus que quelques minutes devant moi. Je saisis mon numérique et fis crépiter le flash le plus vite possible. Toutes les pièces que je pus prendre furent prises et notamment le pectoral, les amulettes, le cobra et... le fameux canope...
|
|